Auguste Vestris


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Inauguration de la plaque en hommage à Léo Staats et Gustave Ricaux
24 juin 2021

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Au 16 rue Saulnier, 75009 Paris

En présence de (photo ci-dessus, de gauche à droite) :
Jean-Guillaume Bart de l’Opéra national de Paris,
Laurence Patrice, Adjointe à la Maire de Paris en charge de la Mémoire,
Gilbert Mayer de l’Opéra national de Paris,
Delphine Bürkli, Maire du 9e arrondissement de Paris.

Discours de Laurence Patrice

Madame la Maire du 9 e arrondissement,
Chère Katherine KANTER,
Cher Gilbert MAYER,
Cher Jean-Guillaume BART,
Mesdames et Messieurs les Professeurs,
Chers amis de la Société Auguste Vestris,
Chers collègues et chers amis,

Tout d’abord, je tiens à excuser Mme la Maire de Paris, Anne Hidalgo, et ma collègue Carine Rolland, adjointe à la Culture : les obligations issues de début de ce mois intense ne leur permettent pas d’être parmi nous. Plus qu’une cérémonie, c’est une célébration qui nous réunit : la célébration de deux grands artistes de l’Opéra de Paris : Léo Staats et Gustave Ricaux.

Chère Madame Kanter, cher Monsieur Mayer, lorsque vous m’avez présentée votre projet à l’Hôtel de Ville,j’ai été tout de suite enchantée. Vous souhaitiez me parler du destin extraordinaire de Gustave Ricaux. Nous avons longuement évoqué la danse et, à travers elle, le travail de transmission de l’art.

C’est ainsi qu’est née l’idée d’une plaque qui rappellerait combien sont essentiels l’enseignement et la transmission de cet art majeur qu’est la danse. Et singulièrement l’héritage du ballet français.

Très symboliquement, nous avons donc réuni deux noms : Léo Staats et Gustave Ricaux. Deux étoiles qui ont enseigné, en ces lieux, l’art du ballet. Et cela fait chaud au cœur de parler de ces deux artistes à l’heure où nous retrouvons un peu de liberté, un peu d’air et un peu de mouvement. Car je souhaite dire, en premier lieu, l’importance du spectacle vivant. L’importance de l’art et de la culture qui donnent du sens à notre vie en société. Qui participent à la construction de notre destin commun.

Nous devons beaucoup aux artistes du spectacle vivant, dont beaucoup sont parmi nous aujourd’hui. Nous savons combien, dans ces disciplines, la danse est tout particulièrement essentielle. Nous vous devons beaucoup. Car dans la période si complexe que nous vivons, nous sommes heureux de retrouver la danse. Nous sommes heureux de retrouver sa beauté.

La danse qui enchante nos vies. Qui nous procure des moments d’évasion, d’élégance et de grâce qui nous ont tant manqué. Oui, Paris, capitale des arts, est la capitale de la danse. La danse incarne dans notre Ville une part essentielle de notre richesse artistique, humaine et collective : celle que nous avons en partage. Celle qui nous rend profondément humains. Car je veux souligner la qualité première – selon moi - d’une danseuse, d’un danseur : réussir ce miracle de faire résonner en chacune et chacun d’entre nous des émotions complexes, personnelles et différentes, tout en nous reliant les uns aux autres. La danse est une discipline si exigeante, mais si généreuse !

Nous le voyons chez Léo Staats et chez Gustave Ricaux : comme chez toutes les danseuses et tous les danseurs, il y a de la générosité et de la vie. Il y a de l’âme. Comme nous le montrait magnifiquement la grande Martha Graham qui « dansait avec l’âme ». Qui nous disait même : « la danse est le langage caché de l’âme ». C’est un message de partage et de tolérance, « une forme de foi et d’espérance » comme l’enseignait aussi Yvette Chauviré.

Le danseur parle ainsi à nos cœurs, et à notre esprit : il ouvre des horizons pour comprendre le monde qui nous entoure et pour s’ouvrir aux autres. Léo Staats et Gustave Ricaux sont de ceux-là : des corps en mouvement qui réchauffent les cœurs. Des artistes qui ont souhaité tout au long de leur vie transmettre ce fabuleux miracle.

Nous parlons également d’une part de la mémoire de Paris. Ce sont deux grands Parisiens que nous honorons : tous deux sont nés à Paris, ont appris leur art à l’École de l’Opéra de Paris. Mais ce sont aussi deux Parisiens emportés dans le tumulte de l’histoire, mobilisés pendant la Grande Guerre. Comme tant d’autres, ils ont su rebondir, dès la fin du conflit mondial, pour encore mieux nous éblouir de leur art. Et plus encore, ils ont voulu enseigner leur discipline, car la transmission, et plus encore la transmission de l’art - nous ne le savons que trop - est le remède après les crises, les guerres et les catastrophes. Ce qui permet aux peuples et aux nations de rebondir.

Nos deux Parisiens, il faut le dire, ont également transmis une part de Paris, et une part de la France, au-delà de nos frontières. Gustave Ricaux a eu un immense succès en Angleterre, en Allemagne, en Belgique, en Italie, en Espagne, en Autriche, puis en Amérique. Quant à Léo Staats, sa carrière prend une dimension internationale au Royal Opera House de Londres, mais New York est particulièrement important dans sa vie : la première de son ballet Une Fantaisie florale a été donnée le 11 mars 1927 dans la Grosse Pomme, et c’est dans cette ville qu’il ouvre une succursale de son cours de danse de la rue Saulnier.

Ils ont transmis cette part de grâce française dont les danseurs contemporains portent le flambeau. Cette célébration, je la souhaite donc sous le signe de la transmission. Léo Staats et Gustave Ricaux ont souhaité, toute leur vie, transmettre. Transmettre au public, et transmettre surtout leur art aux jeunes générations. Car ils ont transmis, surtout, un modèle aux jeunes. Ils inspirent les jeunes danseurs d’aujourd’hui. Un modèle d’engagement aussi. Eux ont fait figure de résistants dans leur art à une époque où la danse masculine n’avait pas encore acquis ses lettres de noblesse en France.

Nous transmettons leur mémoire, dans ce message de pierre, au cœur du 9e arrondissement. Puissent les jeunes danseurs suivre leurs pas. Les pas de deux hommes incroyablement talentueux et passionnément férus de leur art Leo Staats et de Gustave Ricaux Les étoiles appartiennent au ciel, et désormais, deux de leurs noms seront gravés à jamais sur les murs de cette rue. Deux grandes étoiles qui - pour paraphraser la grande Yvette Chauviré - ont transmis « le meilleur d’eux-mêmes aux nouvelles étoiles ».

Je vous remercie.

Discours de Gilbert Mayer

La Danse française et l’Opéra de Paris doivent beaucoup au maître Gustave Ricaux qui reste dans l’histoire de notre art comme l’un des grands pédagogues du XXe siècle, et c’est avec émotion et respect que je vais évoquer sa brillante carrière, me souvenant de l’époque, où fraîchement engagé dans le corps de ballet, en 1951, j’eus le privilège de bénéficier de son enseignement.

Gustave Ricaux est né à Paris, le 20 août L884, dans une famille éprise de musique et c’est la raison pour laquelle, dès son premier âge, il pratiqua assidûment le piano. À onze ans, il découvre la danse et ce fut une véritable révélation : sa décision fut prise, il sera danseur.

En 1886, il entre à l’École de Danse de l’Opéra et sera engagé dans la compagnie cinq ans plus tard en 1891.Très vite il se fait remarquer par ses dons exceptionnels et sa grande élévation qui lui permirent de gravir rapidement les échelons de la hiérarchie du corps de Ballet et il sera nommé 1er danseur en 1907, titre suprême pour les hommes, à l’époque où le statut d’étoile était uniquement réservé aux danseuses. Dans cette période post-romantique où les danseurs étaient en minorité, souvent remplacés par des travestis, c’est à lui que revient le mérite d’avoir redonné à la danse masculine tout son éclat en développant la grande technique, particulièrement celle des pirouettes, des tours de l’air et de la batterie.

Sa notoriété ayant dépassé les frontières, entre 1911 et 1914,il va se produire dans de nombreux pays d’Europe et fera une tournée triomphale en Amérique avec Fernande Cochin qu’il épousera par la suite.

À l’annonce de la déclaration de guerre, il rentre immédiatement en France pour accomplir ses devoirs militaires et pendant toute la durée des hostilités, sa carrière sera mise entre parenthèses. Parlant couramment allemand, il travailla pour les services secrets français, activité qu’il réitérera pendant la Seconde Guerre mondiale car, réfugié en Principauté de Monaco où il enseignait au Grand Ballet de Monte-Carlo, il fit partie d’un réseau de résistance, exploits récompensés par plusieurs décorations dont la Médaille Militaire.

Après cette longue période d’inactivité, il reprit le chemin des studios et comme il me l’a raconté, il mit six mois à retrouver la pleine possession de ses moyens. Il dansera alors tous les grands rôles du répertoire, participera à la création de « Soir de Fête » de Léo Staats en 1925 et sera le partenaire de la grande ballerine russe Olga Spessivtseva, dans « Giselle » en 1926, dansant également avec la divine Anna Pavlova.

En 1931, il quitte la scène pour se consacrer uniquement à l’enseignement et sera nommé professeur exclusif de toutes les classes de garçons, de l’École jusqu’au sommet de l’échelle du Ballet, fait unique dans les annales de l’Opéra. En deux décennies, il formera une pléiade de danseurs qui brilleront au firmament de la Danse mondiale, parmi ceux-ci citons : Serge Peretti, Yves Brieuf Paul Goubé, Roger Fenonjois, Roland Petit, Serge Golovine, Raymond Franchetti, mais aussi Michel Renault, Pierre Lacotte, et |ean Babilée peut-être le meilleur exemple de son enseignement. Des étoiles femmes également, telles que Claude Bessy et Madeleine Lafon suivirent ses cours régulièrement Attilio Labis, Michel Dussaigne et moi-même ayant été les derniers élèves ayant travaillé avec lui. Cette liste étant bien évidemment encore bien incomplète. En 1947 , il reprendra ses fonctions à l’Opéra où il sera titulaire de la classe des « grands sujets » hommes jusqu’à sa retraite.

Je me souviens parfaitement,lors des examens annuels du corps de Ballet, de l’enthousiasme du public qui attendait avec impatience le passage de cette phalange de danseurs de très haut niveau rivalisant de virtuosité. Le jury ne pouvant les départager les gratifiaient d’un ex-aequo collectif, ce qui eut pour conséquence que, pendant plusieurs années, il n’y eut pas de nomination de 1er danseur.

Dans la vie, Gustave Ricaux était un homme d’une grande courtoisie et d’une parfaite éducation. Très organisé, méthodique, entier dans ses convictions mais d’une totale intégrité, il était intransigeant quant à la discipline et la ponctualité. Dès que l’heure du cours avait sonné, il fermait la porte du studio à clé ! ... chose impensable aujourd’hui !

Sur le plan de la Danse, par son immense savoir et sa longue expérience, ce grand maître nous laisse un héritage fabuleux dont les principes sont toujours d’actualité et ie tiens à souligner l’influence qu’il a exercé sur mon enseignement, notamment : ses séries d’exercices spécifiques, la variété du vocabulaire de l’Ecole française dans les enchaînements qu’il composai ! très compliqués et difficiles à exécuter mais toujours logiques, son étude sur les oppositions et les forces contraires, portant une attention toute particulière sur le placement dans le mouvement, les pas de liaisons et les finitions.

Tout ceci, bien évidemment n’étant qu’un bref aperçu d’une pédagogie efficace et pragmatique. En 1954, il quittera Paris pour une retraite bien méritée dans le Sud de la France, à Aubagne,où il s’éteignit le 24 octobre 1961. Pour tous les artistes de la Danse qui l’ont connu mais aussi pour les générations futures le maître Gustave Ricaux restera un exemple, une référence et pour ma part son souvenir sera toujours présent dans ma mémoire.

Discours de Jean-Guillaume Bart

On sait aujourd’hui assez peu de choses de Léo Staats.

Il figurait pourtant, au début du 20e siècle, parmi les personnalités de premier plan de l’Opéra. Il fut pendant de longues années un danseur réputé et un maître de ballet, en charge de la création des ballets et des divertissements que l’on trouvait alors dans les opéras. Pour ses contemporains, il s’agissait d’une des figures les plus talentueuses et les plus hautes en couleur dans le monde du Ballet parisien.

Né en 1877, élève de Louis Mérante, il débute sur scène à l’âge de dix ans. En 1893, alors qu’il n’a que seize ans, il est nommé Premier danseur de l’Opéra, où il danse de nombreux rôles, dont le plus marquant reste celui de Jean dans « Javotte » de Camille Saint-Saëns.

Mais il faut surtout se souvenir que Léo Staats fut considéré comme le plus éminent chorégraphe français du premier tiers du 20e siècle. Parmi ses œuvres, je citerai : « Ici l’on danse » son premier ballet, suivi du « Festin de l’Araignée », de « Ma Mère l’Oye », de « La Péri », et en 1923, de son œuvre la plus célèbre, « Cydalise et le chèvre pied », sur une musique de Gabriel Pierné. Il est également le créateur du célèbre « Défilé du corps de ballet » en 1926, avant que Serge Lifar ne se l’approprie à son tour. Une autre de ses pièces les plus mémorables reste « Soir de fête », un ballet sans argument créé en 1925 par Olga Spessitzeva et Gustave Ricaux. C’est cette pièce que le Ballet de l’Opéra de Paris donna en 1948 lors de sa tournée aux Etats Unis et au Canada.

On disait aussi que tous les music-halls de Paris présentaient des numéros réglés par Staats lui-même. Encore une facette de cette personnalité de la Danse hors du commun ! Léo Staats était particulièrement apprécié en tant que professeur. L’âge venant, il ouvrit sa propre école, rue Saulnier derrière les Folies Bergère, où nous nous trouvons aujourd’hui.

Yvonne Daunt, qui fut étoile de l’Opéra de Paris, se souvient : « Pour ceux qui ont eu le privilège d’avoir été élève de Staats entre 1914 et 1922, son nom fait ressurgir des souvenirs merveilleux. D’origine hongroise, Staats avait un sens du rythme exceptionnel et un sens dramatique qui rendaient vivant et imagé tout ce qu’il entreprenait. C’était un homme généreux et exceptionnellement bon. »

Pendant la Première Guerre mondiale, la plupart des grands danseurs de l’époque se retrouvaient dans son école de la rue Saulnier. Yvonne Daunt se souvient aussi que pendant la période où il servait dans l’Armée, Staats venait régulièrement à Paris en permission, et ne prenait même pas le temps de se changer en civil. Il donnait le cours en uniforme, sans même ôter ses grosses bottes. Sa brillante batterie et son élévation étaient un véritable enchantement à observer.

En 1926, alors qu’il était maître de ballet à l’Opéra, Staats partit pour New York. Il y enseigna brièvement à l’école du théâtre « John Murray Anderson et Robert Milton », avant d’ouvrir sa propre école où danse classique et claquettes étaient enseignées.

Les souvenirs de ses élèves témoignent d’une sincère affection à son égard. « Ses brisés Télémaque étaient d’une exécution irréprochable, ainsi que d’une légèreté étonnante. Ses élèves se demandaient comment il parvenait si bien à battre et à croiser ses pieds, en dépit du poids de ses chaussures de l’Armée. Il possédait une qualité de saut extraordinaire et donnait littéralement l’impression de voler lorsqu’il exécutait des grands jetés. »

Staats a dansé dans les nombreux ballets qu’il avait lui-même arrangé, comme « La Péri », « Frivolant » et « Sylvia ». On disait qu’il aurait dansé plus souvent s’il n’avait été aussi handicapé par sa myopie, ne pouvant porter de lunettes en scène. Yvonne Daunt se souvient encore que « pendant une répétition de Frivolant, dans lequel il dansait le rôle du Vent, il ne parvint pas à évaluer l’espace au niveau de la rampe et sauta par-dessus le trou du souffleur pour finir par atterrir dans la fosse d’orchestre, dans une attitude impeccable, provoquant au passage une frayeur au premier violon ».

Dans les années 1920, Staats s’intéressa aussi à la danse de salon, et ouvrit une école de danse au Palais MacMahon, près de l’Etoile. En 1937, Staats continuait toujours à travailler activement à l’Opéra de Paris et enseignait tous les jours rue Saulnier. Après une carrière qui aura duré 65 ans, Léo Staats s’éteignit à Paris en février 1952.

De cette personnalité de la Danse, nous est parvenu intact son ballet « Soir de Fête », petit bijou qui s’avère être un excellent exemple du style de l’Opéra et que l’Ecole de danse conserve encore aujourd’hui à son répertoire.

Le célèbre chorégraphe Georges Balanchine connaissait et appréciait le travail de Léo Staats, tant et si bien qu’il semble en avoir été influencé. La critique Anna Kisselgoff affirme que l’œuvre de Léo Staats, connue pour sa pureté et son élégance, a servi de modèle à Balanchine, notamment pour ses ballets français, « le Palais de cristal » (Bizet) et « La Source » (Delibes).

« Soir de fête »

Il est difficile aujourd’hui de se faire une idée du talent chorégraphique de Léo Staats. Seul ce bref ballet sans réelle intrigue "Soir de fête" persiste aujourd’hui, ayant même été représenté par le Ballet de Nice il y a quelques saisons.

J’ai découvert ce ballet alors que je n’étais qu’un jeune élève de l’École de danse. Pourtant je me souviens avoir été immédiatement séduit par sa musicalité, ses costumes colorés et sa pyrotechnie chorégraphique. J’ai par la suite dansé l’un des trois garçons lorsque l’école de danse est parti en tournée à New York en 1988, et en 1997, j’ai eu la chance de d’interpréter le rôle principal masculin sur la scène du Palais Garnier. Inutile de dire qu’avec le temps je connaissais le ballet par coeur.

L’équilibre, la structure, l’élégance mais surtout la diversité des enchaînements ont forcé mon admiration. Il ne s’agit pourtant que de pas d’école savamment orchestrés. Tout est réglé de manière simple, lisible, évidente et pourtant de façon si brillante, si festive, sans aucune acrobatie déplacée. Le rapport étroit avec la délicieuse musique de Léo Delibes y est pour beaucoup. La poésie des mouvements lents alterne avec la bravoure des variations des solistes, la vivacité de certaines combinaisons faisant appel au travail du bas de jambe et au travail des pointes révèle tout ce que représente l’école française à mes yeux, ce subtil mélange de simplicité, de raffinement et de brillant.

Et lorsque j’ai monté "La Source" pour l’Opéra en 2011, j’ai discrètement rendu hommage à Léo Staats en citant un de ses enchaînements les plus caractéristiques, sorte de dentelle chorégraphique où de brillants emboîtés en 4e se marient avec des contretemps qui semblent faire référence à la danse de caractère. La seule différence étant que dans mon ballet cet enchaînement est dansé par des hommes, alors que Staats l’avaient réglé pour des femmes, à une époque où celles ci avaient le monopole de la scène.

Associés à cette initiative

Artistes de l’Opéra national de Paris : Pierre Lacotte ; Guy Vareilhes ; Gil Isoart ; Marie-Josée Redont ; Anne-Marie Sandrini.

Joëlle Mazet, professeur international, Virginia Johnson, directeur artistique, Dance Theatre of Harlem ; Katsumi Morozumi, directeur de l’Inoue Ballet Foundation, Tokyo ; Alexander Meinertz, écrivain et critique, Copenhague ; Francesca Falcone (Rome), Stefania Onesti & Pier-Paolo Gobbo (AlmaDanza, Bologna) ; Stephanie Murrish-Gaifulin (Tulsa) ; Julie Cronshaw (FISTD, Londres) ; Daria Dadun-Gordon,‌ professeur de danse classique (CCN Ballet de Lorraine) ; Jean-Marie Didière, sujet de l’Opéra national de Paris ; Soahanta de Oliveira, professeur diplômé d’Etat, spécialiste de l’AFMD ; Eric Viudes, ancien soliste du Ballet national de Norvège, maître de ballet en résidence European School of Ballet (Amsterdam).