Auguste Vestris


Titre
 

Hommage à Diego Carpitella

Dans la même rubrique
In the same section


La tarantelle napolitaine dessinée par Gaetano Dura
Faut-il vraiment écrire et danser tout en MAJUSCULES ? Plaidoyer pour le petit allegro
Le petit allegro dans la danse de bal au XIXe siècle
La danse populaire en Espagne : matière première de la danse classique européenne
Pierre qui roule n’amasse pas mousse !

Les rubriques
All sections :













 

Pierre qui roule n’amasse pas mousse !
par KLH Kanter

13 avril 2019

Printable version / Version imprimable   |  202 visits / visites

Cette soirée rend hommage à Diego Carpitella (1924-1990), pionnier de l’ethnomusicologie. Professeur à l’Académie nationale de Sainte-Cécile (où en 1989, il a été nommé conservateur du Centre national d’étude de la musique populaire et des archives d’ethnomusicologie), et à l’Accademia Nazionale di Danza, il a été titulaire de la première Chaire d’éthnomusicologie en Italie.

Pour le trentième anniversaire de sa mort en 2020, un séminaire aura lieu à l’Université La Sapienza de Rome où il a enseigné l’histoire des traditions populaires (1970-1976) et l’ethnomusicologie (1976 à 1990). La Société Auguste Vestris tient à remercier ici son épouse Stefanella Testa, directrice du Centro Danza Mimma Testa, dont les studios romains ont été la scène de nombreux évènements de la Société.

L’intelligence et la capacité de mémorisation hors-normes du danseur classique, qui tend à exceller dans des domaines fort éloignés après avoir quitté la scène – parmi les anciens danseurs on compte des pilotes de ligne, médecins, informaticiens, musiciens professionnels, ostéopathes, enseignants universitaires - ont souvent suscité de l’admiration voire de l’étonnement. En effet, ces artistes s’étant consacrés à la scène dès l’âge de 10 ans, ils n’avaient pu entreprendre un cursus dit « académique » plus tôt.

En l’absence d’études scientifiques suffisamment poussées, les résultats sont néanmoins là et on peut au minimum supposer que c’est la danse classique elle-même qui développe chez l’artiste professionnel cette volonté acérée couplée à une plasticité de l’esprit qui repousse les frontières. Or, le petit allegro (et son sous-ensemble qu’est la petite batterie, spécialité toute française), est précisément le domaine technique la plus redoutable pour l’esprit : à l’épreuve physique il ajoute la mémorisation de pas en filigrane sur des partitions complexes et souvent syncopées, l’extrême vélocité avec changements de direction, le tout chapeauté par une exigence artistique perceptible pour le spectateur grâce aux épaulements et à l’apparente facilité. C’est donc le petit allegro qui contribue majoritairement au développement intellectuel du danseur, et négliger cet aspect de la formation appauvrit considérablement son potentiel. Par ailleurs, pour le spectateur, l’art du petit allegro exige d’apprécier l’action et donc la dextérité du danseur plutôt que sa plastique avantageuse !

Cependant le petit allegro n’est pas un produit éthéré, hors-sol. Il est tout simplement la forme « savante » de pas inventés par de bons bourgeois et villageois lors des siècles où toute l’Europe dansait et où ce principal passe-temps à caractère artistique du peuple, était un puissant moyen d’en canaliser toute l’allégresse, l’énergie et l’émotion. Au cours de cette soirée, dont le thème a été proposé par J.-G. Bart, nous aurons une belle occasion de confronter la forme savante à ces danses dont elle est en grande partie issue.

Gian Domenico
Tiepolo Putti en vol