Auguste Vestris


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Le Satyre dansant de Mazara del Vallo
se pose au Louvre
avril 2007

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L’exposition Praxitèle ouverte le 23 mars 2007 est, je viens de le lire dans les documents de presse du Louvre, la première grande exposition en France jamais consacrée à la statuaire grecque ... !

Or, il faut savoir qu’aucune oeuvre présentée ici n’est connue avec certitude comme étant de la main même de Praxitèle, sauf sa signature par deux fois gravée sur le socle de statues maintenant perdues, et d’ailleurs nulle part au monde possède-t-on une œuvre d’attribution certaine.

Il s’agit donc d’un parcours où les Conservateurs ont tenté de présenter les traces de son influence.

Vu la quantité de copies héllenistiques et romaines ici exposées (dont certaines d’un goût douteux et qui peuvent, par leur maniérisme évident, travestir le message), le parcours de l’Exposition, semé de textes "explicatifs" dans un jargon scientifique impénétrable, pourra déboussoler le non-initié.

L’on verra cependant quelques chefs d’œuvre, et notamment des bas-relief de l’époque de Praxitèle, peut être de son atelier même, ainsi qu’un tout petit bronze moulé vers 360 Avant J.C., prêt du British Museum, qui serait d’une divinité, probablement Venus, ajustant son collier, "suspendu dans un temps éternel".

Une oeuvre toute nouvellement découverte y fait sensation.

Satyre dansant de Mazara del Vallo
Museo del satiro, Mazara

Il s’agit d’une statue d’environ deux mètres, soit un peu plus grande que la taille d’un homme réel, prise dans les filets des marins-pêcheurs du "Capitan Ciccio" dans la nuit du 4 au 5 mars 1998, au large de la Sicile près Mazara del Vallo.

Depuis, des sondages électromagnétiques ont révélé la présence d’un vaisseau à 500 mètres de profondeur, encore inexploré à ce jour, dont le Satyre était - peut être - la figure de proue. (Voir le site d’archéologie marine http://www.sullacrestadellonda.it/archeo/satiro.htm).

Il s’agit d’un Satyre Dansant, dont la représentation réunit deux attributs qui autrement sembleraient en contradiction : la majesté et l’impétuosité.

Si le visage et l’inclinaison précise de la tête expriment l’extase dionysiaque, ce complexe d’émotions primitives que la danse classique occidentale a dépassé, il s’agit néanmoins d’une œuvre magistrale et qui fait date dans la représentation dans le bronze du mouvement et surtout, de l’élan. Il faut notamment le contempler de dos depuis tous les angles, pour en apprécier la splendeur de l’épaulement et l’attitude (car la figure est littéralement en attitude !) "d’abandon" dans la terminologie de Carlo Blasis.

Qu’il ait été trouvé dans les eaux ou dans les cieux, c’est tout un, car il vole.

En l’état actuel des connaissances, il semblerait que ce bronze fut coulé au milieu du IVème siècle avant J.C., c’est à dire du vivant même de Praxitèle ; selon une autre hypothèse, il s’agirait d’une copie du IIème siècle avant J.C.

Ici et là, le visiteur notera que les Conservateurs de l’exposition font mainte référence à un certain A. Furtwaengler.

De qui s’agit-il ?

Il se fait que Wilhelm Furtwaengler, prince des chefs d’orchestre du XXème siècle, était le fils du prince des archéologues allemands du XIXème. Professeur d’archéologie à Munich, Directeur de la Glyptothèque, Conservateur de la collection des antiquités grecques et auteur d’une œuvre qui tient la route encore aujourd’hui : "Histoire de l’antique technique de sculpture", Adolf Furtwaengler ne craignait point de mettre la main dans la boue en travaillant lui-même sur les chantiers archéologiques. Lorsqu’il mourut subitement en 1907 à Athènes, il lui fut accordé des funérailles d’état par la Grèce.