Auguste Vestris


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Etude de certaines difficultés de la technique classique

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Durées
Par Elisabeth Schwartz, Inspectrice de la danse des Conservatoires de la Ville de Paris

19 mars 2016

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(Ce poème a été écrit en hommage à Margaret Craske peu après son 89ème anniversaire en 1981. Nous avons cherché à en garder les illustrations et la mise en page choisis par l’auteur.)

Dessin d’Albrecht Dürer

Considérer son corps, sa forme aujourd’hui, son âge.
Il n’est pas besoin de miroir.
Se placer légèrement en avant, là où les muscles fessiers se relâchent
– En une position dynamique.
Les yeux ouverts … ne rien faire.

La gravité et sa poussée contraire circulent. Elles passent.
La colonne vertébrale s’arrondit deux fois.

Pesanteur et apesanteur ne luttent pas. Elles sont là tout
Simplement.

Le corps ne tient pas. Il est en équilibre instable comme suspendu à partir de la nuque
restée sensible.
Le corps est disponible.
S’en remettre au corps et à ses sensations
Il ne veut rien
Il travaille selon sa nécessité physique.
Le malaise, la douleur sont ses garde-fous

Les lois physiques régularisent ses mouvements
Presser le talon dans le sol tout en le dégageant en avant,
la jambe monte dans la même direction
Presser le talon dans le sol tout en commençant à tourner
Sur soi, le talon décolle et la voûte plantaire comme une
plage emporte le corps dans sa giration.

Le travail n’est pas mécanique.
La sensation accompagne tout le temps le travail, soutient le mouvement.
– « just feel it » –
L’accent rythmique répété exactement fait naître peu à peu la sensation
du muscle. Un certain temps s’écoule. Un temps qui n’est pas celui de la danse.
Le rythme travaille la chair. Il en affine la forme.
Le rythme utilise les lois physiques à sa mesure.
Rythme et lois physiques s’assouplissent dans la danse.

Le corps est porté
« Comment tient la lune ? » questionnait Léonard de Vinci.
Y aurait-il une nécessité physique avant une nécessité intérieure ?
Et pourtant quelle force utiliser pour mettre en branle les lois physiques ?
Il s’agirait à la fois d’avoir conscience et de ne pas vouloir.
Il s’agirait de trouver l’impulsion minimale, la volonté minimale.

Le poisson ne prend pas son élan pour zigzaguer.
L’élan n’est pas nécessaire pour faire une pirouette.
« Do not do anything
Let the eyes lift you up. »
« Ne faîtes rien, laissez les yeux vous soulever » - dit Margaret Craske
Les doigts portent le bras, la tête, le corps, le pied, la jambe.
Accuser l’élan dans toute la voûte plantaire jusqu’au talon et enchaîner
Le rebond du corps.
A rythme dosé, le mouvement se recompose.
« Ce qui pèse est fini dans les éléments de l’eau et de la terre » (Léonard de Vinci)
Le rythme et les lois physiques portent le corps à l’infini
Là, le discret rejoint l’infini.
L’esprit du corps dansant peut rêver parfois.
La terre est ronde, l’espace du corps en mouvement aussi.
Nombreuses sont les combinaisons de positions entre les membres, le buste, la tête.
Ego et transfert parasitent le travail

Margaret Craske ne parle jamais de sa voie spirituelle.
Peut-on parler de grâce mathématique à propos de sa recherche, de son enseignement ?
D’Anna Pavlova, elle dit « Je n’ai jamais vu de danse plus belle.
Elle était Amour »

Albrecht Dürer, Pieds d’un Apôtre

Mon sujet n’était pas de parler de danse classique mais de l’enseignement de Margaret Craske de la méthode Cecchetti.
Cette méthode se dissout dans les corps différents
Son code ne s’inscrit pas. Ses principes se recomposent ailleurs.
Elle renvoie chacun à lui-même.