Atteindre un but moral par des moyens moraux
Un interview inédit de Martin Luther King
16 mars 2014
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Au mois d’août 2012, dans un grenier poussiéreux de Chattanooga au Tennessee, Stephon Tull classait des documents qu’y avait entreposé son père depuis des années lorsqu’il trouva dans un vieux carton un enregistrement intitulé, Interview Dr. King, 21 décembre 1960.
Ebahi, Tull emprunta un lecteur de bobines et se rendit compte qu’il s’agissait d’un interview perdu et inédit avec Dr. Martin Luther King Jr. sur la non-violence et le mouvement des droits civiques.
Le père de Stephon Tull avait connu le Tennessee de la ségrégation raciale et l’oppression des lois Jim Crow. Il voulait écrire un livre sur ce qu’il avait alors vécu mais tomba malade.
Dans l’interview, King précise sa définition de la non-violence :
« Je dirais … que c’est une méthode qui cherche à atteindre un but moral par des moyens moraux, et qui prend racine dans le concept de l’amour, car si la personne est véritablement non-violente, elle aura un esprit bienveillant et se refusera à infliger du mal à son adversaire : elle saura aimer son adversaire. »
King poursuit : « Je suis persuadé que les historiens du futur … constateront que notre mouvement représente l’une des épopées majeures de notre héritage, et un combat mené au niveau le plus exalté de dignité et de discipline. »
Le Rev. Joseph Lowery, l’un des fondateurs du Southern Christian Leadership Conference aux côtés de M.L. King en 1957, considère ces enregistrements comme un rappel à l’ordre, car l’œuvre de King reste à réaliser :
« Nous avons su alors communiquer que la non-violence comme tactique, comme technique, était fort efficace pour la protestation, les manifestations, mais là où nous avons échoué, c’est de faire comprendre que ce n’est pas une simple tactique, mais un mode de vie. Nous sommes actuellement en train de perdre la bataille de la violence face à la non-violence, comme moyen de résoudre les conflits entre les hommes. Je ne puis qu’espérer que le message du Dr King ressurgira. »
Sur les enregistrements, M.L. King parle d’un récent voyage en Afrique, et conclut : « Les Africains suivent de près tout ce qui se passe aux Etats-Unis. Si nous voulons encore avoir un rôle de leadership et surtout, une voix morale dans un monde où les deux-tiers de la population sont des hommes de couleur, il est impératif de résoudre ce problème d’injustice raciale. »
23 juin 1963 : Martin Luther King (1929-1968) et Robert F. Kennedy (1925-1968) à Washington, DC.