Introduction : sortir des confins de notre propre nature
par K.L. Harriet Kanter
16 mars 2014
| 686 visits / visites
« Le Negro Classic Ballet contient plus d’art en lui que toute une gallérie de Rembrandt. Cet art est enchâssé dans l’âme même de chaque danseur de la troupe. Jamais n’ai-je vu un groupe de gens se dévouer avec autant d’ardeur à créer le Beau. Ils ne font pas que danser – ils vivent la vie des rêves sur scène (…). Lorsque le corps de ballet danse, la beauté se lève et danse pour nous. Il s’agit d’un acte de foi, rendu possible grâce au génie de Joseph Rickard, qui plutôt que de faire appel aux meilleurs élèves des académies a su fonder une troupe sur de simples travailleurs – les travailleurs noirs de nos rues. »
Ben Hecht (1894-1964), écrivain et cinéaste, Hollywood
Lettre non datée, vers 1950, reproduite dans « A new Expression for a new People - Race and Ballet in Los Angeles, 1946-1956 », par le Dr. Kenneth H. Marcus, professeur d’histoire à La Verne University (Californie).
Les textes que vous lirez ici concernent essentiellement le combat du peuple noir aux USA pour lever la forêt d’obstacles qui leur barrait la route, non seulement à ce que les Américains appellent serious art, en l’occurrence la danse classique, mais aux droits les plus sérieux. Liberté ! Egalité ! Fraternité ! Les mêmes questions se posent à nous en Europe aujourd’hui sous des formes plus insidieuses peut-être, mais non moins vénéneuses et porteuses, si rien n’est fait, de désordres. Or, la singularité du peuple noir aux USA est d’avoir permis l’émergence en son sein d’êtres de génie, dotés d’un courage, d’une ténacité et d’une intelligence proprement titanesques : Frederick Douglass, Martin Luther King, Rosa Parks ou Marian Anderson sont les généraux les plus célèbres d’une armée de héros, dont beaucoup ont laissé leur vie sur le champ d’honneur.
« Le secret de la moralité est l’amour : sortir des confins de notre propre nature et nous identifier au beau qui existe dans la pensée ou l’action d’un autre ou dans un être qui est autre que nous. Pour qu’un homme soit véritablement bon, ses pouvoirs d’imagination devront être aussi étendus que fervents ; il doit savoir se mettre à la place de l’autre et d’une multitude d’autres ; toutes les joies, toute la souffrance de l’espèce humaine deviennent alors les siennes. En effet, le principal instrument du Bien est l’imagination ; la poésie y concourt en agissant sur la cause. »
Percy Bysshe Shelley, 1821
|