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La révolte des accessoires
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Interroger l’obscurité
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![]() Le regard de Margot Fonteyn dans Les Sylphides
et celui de Stella Claire dans Pineapple Poll de John Cranko.
Deux personnages que tout oppose, dépeints par le seul regard ! Clichés : Gordon Anthony, Roger Wood. |
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Ou bien comme le suggérait le regard de Karsavina, scruter loin dans une nuit infinie semée d’étoiles. Les grands yeux de Fonteyn semblaient explorer une vaste, une somptueuse obscurité, éclairée soudain du feu des comètes et d’étoiles filantes.
Ce regard du danseur – avec toute la charge qu’il porte en lui - doit provoquer le ravissement dans la salle plongée dans le noir…
Ainsi les yeux de Fonteyn interrogent-ils l’obscurité et créent un monde peuplé de rêves mystérieux. Arrivant jusqu’à l’imagination du public, ce monde va se construire puis l’envoûter.
Tout en opérant sa magie Fonteyn se soustrait cependant à ceux qui l’observent. Si elle reste liée aux spectateurs, c’est par d’innombrables et invisibles vrilles et rinceaux qui s’entortillent et font barrière entre leur regard et sa propre conscience.
Le spectateur se doit d’aiguiser et d’éduquer le regard de l’esprit jusqu’à ce que celui-ci n’atteigne la même perçante acuité que le regard matériel.
(…) Et ainsi, tu étais aveugle ; mais la voile fut alors déchirée -
Zeus voulut tirer le rideau du Ciel pour que tu vives,
Pour toi Neptune fit une tente d’écume
et Pan a fait chanter sa ruche sylvestre ;
Oui ! Sur les rives de l’obscurité il y a lumière,
Et les précipices découvrent un vert sauvage,
A minuit perce déjà le bourgeon du jour,
Et l’on perçoit triplement dans la tranchante cécité ;
Ainsi voyais-tu …
John Keats, 1818
traduction originale
(…) Flûtes, jouez encore
Non pour l’oreille des sens, mais, plus aimées,
Soufflez à l’esprit les refrains d’absence de son :
Beau jeune homme, sous les arbres, tu ne peux délaisser
Ta chanson, ni jamais ces arbres se dénuder ;
Amant hardi, jamais ô jamais tu n’auras ton baiser...
(...) Mais ne t’afflige pas ;
Elle ne peut te fuir, bien que tu restes sans ta joie,
Pour toujours tu l’aimeras, pour toujours elle sera belle.
John Keats, 1819
d’après la traduction inédite d’Armand Robin, 1937