Auguste Vestris


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9 juillet 2011, onzième et dernière soirée : La Classe de Vestris

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Une conversation avec Lis Jeppesen
Etoile du Théâtre Royal du Danemark

9 juillet 2011

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Q/ Vous êtes la muse de Bournonville...

R/ Le sujet de Bournonville est la beauté et l’amour. Si vous aimez votre travail, si vous savez ce que c’est d’aimer son travail, aimer la musique, aimer ce que vous avez à dire au public, voilà le sujet.

A mon avis, la danse de Bournonville est une technique plutôt qu’un simple style. Il faut une force dans la jambe, il faut être très puissant pour sauter comme ça ! Et les dames sautent autant que les hommes !

Valborg Borchsenius en Hilda dans Et Folketsagn en 1894
Très croyant, Bournonville possédait une grande bibliothèque d’oeuvres théologiques. Quoique protestant, il n’eut de cesse toute sa vie de prôner l’écuménisme, célébrant des héros musulmans (Abdallah), catholiques (Napoli), ou encore russe-orthodoxes dans son dernier ballet, De Sibérie à Moscou (1876)

Mais Bournonville ne veut pas que la technique se voie. Et cependant c’est très dur – mais c’est discret, et si cela ne se fait pas voir, la technique doit être là car sinon, vous verriez qu’elle manque.

Les russes ont un style – ils moulinent constamment des bras, pour dire « Me voilà ! et Me Voilà ! », on dirait du cirque, et puis il faut applaudir, applaudir, applaudir. Tandis que Bournonville veut que l’on raconte l’histoire du début à la fin. Et parfois les applaudissements ne viennent pas même si tu viens de faire un grand solo et que tout était très beau – mais il faut que tout s’enchaîne avec une autre danse. Et parfois tu penses « Tout ce travail ! Et personne n’applaudit ! » C’est drôle ! Alors qu’en fin de compte, c’est mieux, car ce qui compte c’est l’œuvre comme un tout, et communier.

Je pense aussi que tous ces sauts à la russe et tous ces levers de jambe, c’est plutôt de l’acrobatie. Je ne suis pas convaincue que nous en ayons besoin. Je pense que lorsque l’art sait rester dans le dépouillement, alors il est excellent.

Il est inutile d’ajouter toutes ces choses. Alors c’est plus vrai, et beaucoup plus puissant. Voilà quelque chose que j’ai appris auprès de Hans Brenaa, et je le sens très fort sur scène. Si tu sens le besoin d’ajouter tant de choses, c’est parce que tu n’es pas certain, alors que si c’est là, dans toute sa clarté et tout son dépouillement, eh bien tu y es arrivé ! Et tu le sentiras en toi, comme si c’était un tableau.

Dans l’art, quand tu peux à travers ta danse, et tout ton art, montrer quelque chose, c’est qu’il y un mystère. Et peut-être est-ce une chose à laquelle tu dois revenir, car tu n’avais pas tout à fait eu de réponse. Ou peut-être, c’était tellement la réponse, que tu dois l’entendre une nouvelle fois. Donc tu utilises tes yeux et tes mains. Ils racontent l’histoire.

Ce ne sont pas les pas qui racontent l’histoire. Tu les fais car il s’agit d’un ballet. Mais tu pourrais ne pas bouger du tout, et néanmoins raconter toute l’histoire. Tout est là.

Fait à Copenhague, 1988
Pour le texte complet en anglais :
http://www.augustevestris.fr/spip.php?page=article1&id article=100