Auguste Vestris


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9 juillet 2011, onzième et dernière soirée : La Classe de Vestris

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Crédo chorégraphique
Risorgimento de l’Idée

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Risorgimento de l’Idée
par Katharine Kanter

9 juillet 2011

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Cette dernière des Nuits Blanches au Centre de danse du Marais est dédiée à la mémoire de Jean Humbert (Paris, 1908, Neunburg-sur-Weser, 1945).

Archiviste-paléologue sorti de l’Ecole des Chartes, le jeune Humbert se consacra d’abord à des recherches sur l’Italie, et plus particulièrement sur Dante. Puis il se tourna vers la période du Risorgimento, et écrivit, à 33 ans, une biographie remarquable de Camillo Benso, Comte de Cavour, père de la Réunification de l’Italie.

Un dernier travail d’Humbert, qui traitait précisément des événements du Risorgimento, brûla lors des bombardements des Alliés sur l’Oflag XB à Neunburg-sur-Weser où étaient internés les officiers prisonniers.

En effet, le lieutenant de réserve Jean Humbert abandonna les études en 1939 pour défendre son pays. Commandant du 158è Régiment d’Infanterie, il prit part à la défense de Maubeuge en mai 1940 et fut l’objet d’une citation pour héroïsme.

Le sujet qui a toujours occupé Jean Humbert – sa vie en donne l’exemple - est celui de tout artiste : le transcendant auquel la danse théâtrale, accaparée par maintes tentations, peut facilement tourner le dos pour devenir la proie de l’arbitraire et de l’Ego. D’où la question posée par Hans Brenaa dans ces pages « Moderne ? Qu’est-ce que le Moderne ? »

Pour le moment nous sommes encore dans le domaine de l’interprétation des oeuvres capitales qui existent. L’effort prodigué à les restituer de manière véridique nous laissera, peut-être, mieux entrevoir le chemin à parcourir pour créer le Nouveau. Faire resurgir la source – Risorgimento – la source de comment les hommes qui ont créé des objets de pensée éternels, ont eux-mêmes pensé.

C’était la démarche de Dinu Lipatti, d’Artur Schnabel, de Wilhelm Furtwaengler qui ont lutté et fait revivre pour leur génération les grands contemporains de Bournonville, et particulièrement Beethoven, dont l’oeuvre résurgit invariablement à des points tournants de l’histoire.

 

 

Ce soir, les jeunes danseurs présenteront pratiquement tout le divertissement dit L’Ecole de Danse qui forme l’Acte I du ballet comique Le Conservatoire, ou une Demande en Mariage.

À l’origine ce ballet était en deux Actes, dont le deuxième est essentiellement en geste mimique. Menés par les personnages Victorine, Ernst, Eliza et Alexis, les élèves joueront des tours pendables à Monsieur Dufour, leur directeur. Celui-ci, au lieu d’épouser sa fidèle gouvernante Mademoiselle Bonjour, préfère chercher une riche épouse à travers les petites annonces. Prenant fait et cause pour la gouvernante, les élèves le feront revenir dans le droit chemin.

Guidés par Flemming Ryberg, doyen du Théâtre Royal, nous danserons ce soir les passages de L’Ecole de Danse qui témoignent directement des leçons d’Auguste Vestris lui-même, dont Bournonville fut l’élève à Paris entre 1824 et 1830. Bournonville y a serti des enchaînements pour homme inventés par son ami Jules Perrot lors de leurs études communes à Paris.

Venus pour cette Nuit Blanche depuis Stockholm, Londres, Rome et plusieurs villes de France, les élèves travaillent depuis des semaines déjà afin de présenter la danse de Vestris ni revue et corrigée ni mise au goût du jour, mais dans sa simple vérité. C’est ainsi que les jambes seront tenues « à la hauteur », les pirouettes prises sur le cou de pied, et nous nous efforcerons de suivre la règle cardinale : « L’épaulement, par où transparaît l’émotion, guide chaque pas. »

Juin 2011