Auguste Vestris


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14 novembre 2010, huitième soirée : Gustave Ricaux

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Ricaux, mon maître
Témoignage de Daniel Seillier

14 novembre 2010

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Montréal, le 20 octobre 2010

Il est difficile de parler comme cela, tout de go, d’un aussi grand maître. C’était le plus grand professeur que j’ai jamais connu. Je suis son disciple et tout ce que j’ai pu enseigner, toutes les étoiles que j’ai pu former, c’est grâce à lui.

Depuis l’âge de 10 ans jusqu’à 18 ans j’ai été l’élève de Gustave Ricaux à l’École de l’Opéra. Nous autres élèves nous l’appelions tendrement Tatave ! Tatave n’a jamais cherché la célébrité. Jamais malade, il était là pour nous tous les jours, et donnait son cours. Régulier !

Gustave Ricaux en cours
A droite au fond, Roger Fenonjois
Collection P. Lacotte

Ce ne sont pas uniquement les enchaînements, les pas qu’il nous donnait qui nous ont marqués, c’est la façon dont il les donnait, le senti, les nuances qu’il nous faisait comprendre. C’était plus une collaboration entre élève et maître... ce dont nous n’étions même pas conscients !

La conception de son enseignement était fabuleuse : construction de cinq classes (la semaine) progressant sur cinq niveaux, et les élèves de chaque niveau pressentant l’aboutissement à atteindre en voyant danser le niveau suivant. Pendant toute ma carrière de professeur j’ai essayé de retransmettre ce qu’il nous a donné, cet amour par le geste et qui transparaît dans le mouvement.

Les explications qu’il fournissait nous donnaient la facilité de faire les choses. Si nous les élèves nous le respections comme le grand homme qu’il était, et de surcroît âgé, il était néanmoins près de ses élèves, il était notre père dans la danse.

Ce qui était formidable aussi c’est qu’il développait la personnalité de chacun, sans imposer la sienne. On ne s’en rendait même pas compte – par la suite seulement nous nous rendions compte que nous étions véritablement nous-­mêmes.

Tatave ne hurlait jamais. Il parlait à ses élèves normalement. Mais il avait l’autorité de nous faire faire des choses incroyables – soixante­-quatre entrechat-­six, des tours en l’air en série – des prouesses qui n’existaient pas chez les autres professeurs. Ces « punitions » étaient vécues pour ce qu’elles étaient – mais quels progrès dans notre technique !

Mon épouse (Olga Makcheeva) a été élève de Kchessinskaya et de Preobrajenskaya.
Alors que nous étions en train de déplorer le fait que l’œuvre de ces maîtres ­ et particulièrement, pour moi, de Ricaux – tombe dans l’oubli, quelle joie de voir que l’occasion de les célébrer se présente !

Né en 1926, Daniel Seillier termine ses études à l’École de l’Opéra en 1942, puis intègre la troupe et est promu sujet en 1945. Entre 1946 et 1950 il rejoint les Ballets Français en tournée en Amérique du Sud aux côtés de Roger Fenonjois, Lolita Parent, Marianne Ivanoff et Serge Peretti, puis entre 1951 et 1961 danse avec les Ballets du Marquis de Cuevas, où il rencontre et épouse Olga Makcheeva et cumule les rôles d’étoile, professeur, chorégraphe et maître de ballet. En 1961, il fonde le Ballet National du Portugal.

En 1963, à l’invitation de Ludmilla Chiriaeff il devient co-directeur artistique des Grands Ballets Canadiens. Entre 1965 et 1980, il est maître de ballet et professeur auprès de l’École et la troupe du Ballet National du Canada. Il y forme quelque 18 étoiles dont Karen Kain. Il revient à Montréal en 1980 comme professeur aux Grands Ballets Canadiens et directeur pédagogique de l’École supérieure de danse du Québec (1980­-1998) puis enseigne jusqu’en 2008 au Conservatoire de danse de Montréal fondé par son fils Alexandre. En 1993 il est fait membre de l’Ordre du Canada. Le 15 octobre 2010, le Studio Daniel Seillier est inauguré à l’École supérieure de danse du Québec.