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Escuela Bolera - L’Espagne dans l’imaginaire
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Danses de Liberté et de Progrès
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Carlos III d’Espagne (1716-1788)
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En effet, dans le ballet transpyrénéen à partir des années 1820-1830, les dégagés, arabesques et attitudes se pratiquent à une hauteur au-delà de 45° et doivent être fermement tenues, aussi bien en temps d’adage qu’en grand allegro avec ses contraintes physiques éprouvantes. Le danseur a donc appris à rehausser le torse, créant un vaste espace entre le bassin et les côtes flottantes afin de libérer la jambe.
Ceci, par opposition à la danse bolera qui, telle l’écossaise, est une brillante danse terre à terre et éventuellement de volée ; l’affubler de ports de bras greffés depuis une technique faisant appel à des tours de force aériens, ne fait que la trivialiser.
L’époque dont nous parle l’Escuela Bolera revendique Liberté et Progrès. Elle s’étend du règne du grand réformateur Carlos III à la promulgation de la Constitution de Cadiz (1812), très avancée. Parmi ses articles, « la Nation espagnole est libre et indépendante, et n’est, et ne peut être, le patrimoine d’aucune famille ni d’aucune personne. La souveraineté réside dans la seule Nation. L’amour de la Patrie est parmi les principales obligations de tous les Espagnols, qui doivent également se montrer justes et œuvrer pour le bien ».
C’est aussi l’époque qui va de Haydn à Schubert.
Or, le monumental effort de révision des partitions déformées par des éditeurs romantiques au cours du XIXème siècle, et le retour aux instruments d’époque, nous a permis de mieux entendre ce que ces compositeurs ont eux-mêmes entendu et partant, ce qu’ils voulaient dire. De nos jours, les jeunes professionnels se pressent autour de « vieillards » comme Alfred Brendel ou Paul Badura-Skoda pour entretenir le lien direct avec une pensée qui existe, et existera, dans tous les temps.
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Carton de tapisserie, Francisco de Goya y Lucientes
La danse de San Antonio de la Florida ou Danse sur les rives du Manzanares, 1776-1777 |
Si pour ces musiciens, chaque accent, changement, distinction de phrasé, vient de loin et doit être pesé dans son contexte tant historique que musical avant d’être retenu, pourquoi est-ce que des lois différentes devraient gouverner la danse ?
Autre considération : l’apprentissage des trois écoles – Bournonville, Cecchetti et l’Escuela Bolera – s’est toujours fait sur des danses et non sur des pas pris isolément, ce qui les singularise par rapport aux autres écoles de grande renommée. Cette méthode tend aujourd’hui à disparaître en faveur de l’instruction sur le pas, d’où des difficultés de mémorisation et une exécution plutôt scolaire … ainsi que la disparition des danses elles-mêmes.
Avant de poursuivre la course en avant vers la « modernisation » des grandes écoles historiques que sont l’école Bournonville, celle de Cecchetti et l’Escuela Bolera, voilà quelques pistes à méditer.
Mars 2013