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La révolte des accessoires
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« Les mains, prémices d’une expression »
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« Les mains... prémices d’une expression »
Hans Brenna et Mona Vangsaae, |
La génération actuelle est obsédée par la technique, ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Néanmoins, je me retrouve à supplier les danseurs de « s’autoriser à ressentir de l’émotion » et je le fais même en classe le lendemain d’un spectacle épuisant. Il y a quelques jours, je me suis exclamée : « Vous avez tous l’air de travailler dans une banque ! » Le pianiste venait de leur jouer une œuvre splendide de Chopin sans pour autant que leurs yeux ne s’animent de la moindre étincelle !
C’est la sensibilité musicale de l’artiste en tant que personne qui lui « enseignera » comment utiliser l’œil dans les différents temps. Un professeur ne peut pas lui enseigner une telle sensibilité, car soit elle existe, soit elle n’existe pas.
Pour la main, ce sont à mon sens les Russes qui ont le mieux étudié tous les « rouages » du torse. Les danseurs russes qui ont bénéficié d’une formation décente ont tous de belles mains. D’abord, un mot de technique : si l’on travaille les bras à partir de la musculature du dos, les mains seront plus libres. Il faut bien abaisser l’omoplate afin que tous les ports de bras prennent leur origine dans le milieu du dos. Si un danseur a des bâtons à la place des bras et les doigts en porc-épic, c’est que pour lui, le seul moteur du mouvement est le plan frontal du torse.
Très souvent, le danseur dont l’expression ou les mains sont figées s’est retrouvé dans ce pétrin parce qu’il doit lutter constamment pour garder l’équilibre. Or, la question de l’équilibre n’a rien de mystérieux. Une fois les omoplates tenues bien bas, et les fessiers engagés, le danseur ne craint plus de perdre l’équilibre. Et les mains ne sont plus le simple bout du bras, mais les prémices d’une expression.
Quant à marcher et courir, ce sont les premières choses qu’un élève se destinant à la profession devrait apprendre. La tête pesant 5 à 6 kilos, si vous allez vers l’avant en courant, la tête bien rigide, vous finirez complètement en-dedans. Le jeune danseur doit apprendre à courir en déployant l’épaulement juste, et après viennent la rapidité et l’en-dehors... sans ne jamais oublier l’engagement des fessiers (en guise de refrain !), de façon à éviter que toute la tension ne vienne charger les mollets et plomber ainsi la variation que le danseur devra attaquer.
21 mai 2012
Nanette Glushak est Directrice du Ballet du Capitole de Toulouse (1994-2012), ancienne directrice du Scottish Ballet ainsi que répétitrice pour le Balanchine Trust.